Hoy no tuve miedo
(Hoy no tuve miedo)

Après Los Labios, un premier long-métrage remarqué co-réalisé avec
Santiago Loza et récompensé à Cannes par un triple prix d’interprétation
féminine, Iván Fund revient seul sur un territoire familier pour
y retrouver d’autres femmes. Le très beau titre Hoy no tuve miedo
(Aujourd’hui je n’ai pas eu peur), dit-en lui-même le désir que porte
avec délicatesse le cinéaste, celui de faire entrer le cinéma dans la vie
de ceux qu’il filme, des proches pour la plupart, et la vie dans le film,
sans effraction, comme on viendrait prendre des nouvelles, respirer
l’air intime du quotidien. Ici, il est constitué d’un atelier de couture,
de la vie de deux jeunes soeurs, Ara et Marianela, celle de leur amie
Lulú, d’enfants et d’un chien, paysage sans éclat d’une petite ville de
province argentine dont l’horizon s’élargit à peine dans la nuit des
jours de fêtes ou des soirées entre amis. Dans la seconde partie du film
la réalité du tournage vient faire contrepoint à celle qui se donnait,
croyait-on, à voir. Non pas pour illustrer qu’un film est le documentaire
de son propre tournage, mais pour laisser paraître cette nécessité qui
pousse Fund à vouloir coudre ou rapiécer film après film, en brossant la
fiction au ras du poil, les vêtements trop ordinaires de ce monde. A 26
ans, ce cinéaste est l’une des promesses du cinéma argentin. JB