Sex is no laughing matter est une bluette. Pensez donc : l’élève et sa prof. Le gentil Yuri et l’insaisissable Mirume, professeur de lithographie dans une école d’art, quelque part au Japon. Nami Iguchi nous plonge dans cette histoire avec un sens du loufoque et des durées qui fait mouche dès les premières scènes. Elle ne joue pas de la corde mélodramatique pour dire : sous la légèreté, voyez comme il y a du lourd. Au contraire, elle maintient son film dans un état d’entre-deux où la drôlerie des personnages et des situations s’emboîte dans des plans longs, subtilement désaccordés, qui témoigne d’une maîtrise de la mise en scène jamais prise en défaut. Les affects des personnages sont distribués à la manière d’une valse des soupirs, une ronde des prétendants : Mirume mène la danse, et Yuri, par le bout du nez. Autour d’eux furète et flotte En-chan (jouée par Yû Aoi, délicieux bonbon déjà repéré dans le segment de Tokyo ! réalisé par Bong Joon-ho), qui dort plus ou moins tout le temps, mais s’agace de la romance. A la remorque, en queue de peloton, le discret Domoto, que cette histoire amuse mais intéresse peu, et qui ne pense qu’à voler un baiser à la perpétuelle endormie. Difficile de résister à cette espèce de sitcom endolorie, remarquablement filmée.
Jean-Philippe Tessé