A bien y regarder, on voit revenir, film après film, la famille au rang des motifs résurgents du cinéma coréen présent le plus vif en toute indépendance des polarités de son expression, du film de genre à une veine plus sociale. A un plan plus au moins avancé, on croise de nombreuses figures enfantines, souvent inquiètes, délaissées, spoliées. Treeless Mountain, le second long-métrage de la réalisatrice Kim So-yong, n’est déterminé par aucune volonté d’explication générale ou de mise en accusation. Il s’attache à accompagner dans les plis du quotidien, à hauteur d’enfants, l’endurance de deux petites héroïnes plus inquiètes que glorieuses à la suite d’un abandon. « Garde un œil sur Bin » ordonne la mère de Jin à la plus âgée de ses deux fillettes après que l’autre se soit éloignée, suivie par la caméra, du lieu où elles devaient attendre ensembles. C’est bien la simple et stricte posture du film que de ne pas les lâcher en attendant le retour du jour (les longs plans fixes sur ces lunes changeantes qui viennent ponctuer le récit) où une autorité rassurante et compréhensive pourra se substituer à l’attention précise du cinéma.
Jérôme Baron