Souleymane CISSÉ, réalisateur malien, nous a quitté ce 19 février 2025 à 84 ans.
Le Festival des 3 Continents tient à rendre hommage à cet immense cinéaste, gagnant du grand prix de la Montgolfière d’Or à Nantes dès la première édition du festival en 1979.
« Si pour ma génération, la rencontre avec le cinéma de Souleymane Cissé aura été la découverte de la lumière si nouvelle, aussi intemporelle qu’impérissable, de « La lumière » (1987), celle du public du Festival des 3 Continents fut précoce voire immédiate puisque le cinéaste malien obtint lors de la première édition du festival en 1979 la Montgolfière d’or pour « Le travail » (1978). Cissé avait alors 39 ans et déjà plus de la moitié de ses films derrière lui : des courts ou moyens métrages et un premier long « La jeune fille » en 1975. Il réalisa ensuite un troisième long remarquable, « Le vent » (1980), soufflant les espérances de la jeunesse étudiante de son pays prise dans les carcans de la répression des militaires et des traditions. Si « La lumière » brille encore si fort dans nos mémoires, c’est qu’il est sans doute demeuré l’un des éclats les plus vigoureux des cinémas d’Afrique de l’Ouest. Nous avions le sentiment de voir en lui le chef d’œuvre d’une génération qui, de Gaston Kaboré, Cheick Oumar Sissoko, Désiré Ecaré, à Idrissa Ouedraogo, venait de libérer les élans les plus créatifs du cinéma d’Afrique subsaharienne sur les écrans du monde. Cet éclat si fort qui nous aveuglait annonçait peut-être avec une modernité visionnaire qu’un incendie menaçait déjà de neutraliser dans les années 1990 les efforts de cette génération – incendie causé par des difficultés matérielles et financières, la censure ou le désintérêt politique, la disparition des salles de cinéma, l’absence de formation et par conséquent une dépendance vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale… Souleymane Cissé restera le jalon emblématique de cette génération. » – Jérôme Baron, directeur artistique
