Cette lettre d’adieu commence par un long voyage en voiture jusqu’au village du « capitaine » Krohokrenhum, chef du peuple indigène Gavião, disparu en 2016. Là, le film se déploie en un mille-feuilles qui s’offre aussi en archive pour l’avenir. À l’élégie se mêle le bilan d’une expérience anthropologique menée depuis plus de trente ans, où le destin de chacun fait ressentir l’écheveau de pertes et de gains, d’aliénations et de réappropriations, qui a rythmé la vie de la communauté. Où la place du cinéma comme image de soi est sans cesse réinterrogée. Car Adieu, Capitaine, dernier volet d’une trilogie commencée avec Corumbiara, est l’aboutissement d’un engagement que Vincent Carelli tient depuis 1986, année où il a cofondé le projet « Vidéo dans les Villages ». L’aboutissement d’un acte de foi dans le cinéma comme espace d’altérité et de reconfiguration du monde. D’un geste de cinéma voué au patrimoine indigène, à sa résistance et sa reconstruction. AR
Première française
