Goodbye, Dragon Inn
(Bu san)

Un vieux cinéma de Taipei en passe de fermer projette le chef-d’oeuvre de King Hu, Dragon Inn, film venu d’un autre âge du cinéma taïwanais. Il vient comme hanter nostalgiquement l’espace presque vide de la salle, les dialogues du film compensant le silence, les hésitations, les bribes de paroles à peine audibles des spectateurs et des employés, ou leurs rares discussions. Dans l’auberge du titre du classique du film de sabres où ils semblent s’être tous donné rendez-vous, une ribambelle de personnages se succèdent dans des scènes aux retournements de situations imprévisibles et autant de combats virevoltants. Dans la salle où ils se croisent, se suivent, se perdent ou se retrouvent, ceux de Tsai Ming-liang cherchent au cinéma l’espoir d’un lien ultime avec l’autre. Une autre chorégraphie, moins tourbillonnante, différemment coordonnée par la géométrie anguleuse des cadres dessine comme un labyrinthe de lignes, où chacun paraît, à l’image d’un touriste japonais maladroit débarqué là par hasard, égaré jusqu’à l’absurde entre la lumière et les ténèbres. JB