La jeune Yola, qui appartient à une ethnie autochtone argentine, vit loin des siens dans une famille blanche. Est-elle leur bonne à tout faire ? Les attentions envers elle de la mère – qui tient à bout de bras la maisonnée – et de sa fille adolescente Anto, en feraient presque douter. Alors qu’on s’apprête à fêter en beauté les quinze ans de la fille, leur sollicitude met Yola de plus en plus en porte-à-faux. Un tremblement de terre se prépare, les fêtards dansent pour ainsi dire sur un volcan.
Ponctuant les séquences de moments en voix off en langue Wichi, Daniela Seggiaro parvient à pousser le quotidien vers une puissante allégorie, qui montre l’incompréhension totale, poussée jusqu’au déni d’existence, des peuples indigènes par les descendants de colons. Anto, reine d’un jour, a beau danser en majesté, la beauté est ailleurs. Dans les forêts qui bordent les villages, le peuple de la narratrice habite avec une intensité particulière le vaste néant du hors-champ. CG