Invitée par un festival à l’étranger, la troupe de théâtre amateur d’Amir fait ses bagages. Contrairement à ses camarades qui ont prétexté un voyage scolaire auprès de leurs parents, Shahrzad dit la vérité à son père. En concentrant l’action sur le lieu de répétition clandestin, Behnam Behzadi tient à distance les parents, évitant un récit illustratif sur le conflit de générations. Si l’intrigue se noue autour d’un tel affrontement (porteur d’une allégorie politique à l’échelle de la société), le film choisit ensuite d’explorer les répercussions de l’aveu de Shahrzad. Comment choisir entre la fidélité à l’amie et la chance peut-être unique d’un départ ? Avec une finesse qui l’inscrit dans le sillon de son aîné Asghar Farhadi, Behzadi rabote les termes du dilemme jusqu’à reconnaître à chacun ses raisons. Au dialogue classique en champ-contrechamp, il substitue le plan à deux (deux personnages de profil dans le cadre) et privilégie la mobilité de la caméra, écartant de ce huis-clos tout soupçon de théâtralité. Interprétée en son direct par le compositeur de la troupe, la musique offre un contrepoint à la montée de tension qui précède le face à face avec le père, d’autant plus terrifiant qu’il est aimant.
C. G.
Cliquez ici pour voir l’interview de Behnam Behzadi. (Par Giulia Raffaelli)