Festival 3 Continents
Compétition internationale
46e édition
15>23 NOV. 2024, Nantes

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Chant des mers du sud
(Pesni Juzhnykh Morej)

de Marat SARULU

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Ivan est russe, son voisin Assan est kazakh. Ils vivent en voisins dans un petit village kazakh. Quand la femme d’Ivan donne naissance à un enfant brun et quelque peu bridé, Ivan suspecte sa femme de l’avoir trompé avec Assan. Le conflit perdure entre les familles pendant quelques années. Ivan se rend chez son grand-père de l’autre côté de la frontière pour découvrir l’histoire de sa famille. Il apprend que ses ancêtres étaient des nomades. Assan disparaît lui aussi aux confins de la Mongolie ; quand il atteint les mers du sud, au bout du monde, il trouve enfin la paix. Une chose est certaine, après des générations partagées entre l’amour et la haine, ils sont tous effectivement liés : les russes et les kazakhs, les chrétiens et les musulmans, les européens et les asiatiques. Pour prendre de biais l’agitation tourmentée de l’Asie centrale, Marat Sarulu nous plonge d’emblée dans l’urgence d’un accouchement, parmi les cris et les hurlements presque comiques qui surgissent d’une habitation perdue dans la steppe. Les amis, les voisins, la famille : tout forme une mêlée ici, bientôt inextricable quand l’enfant né se révèle d’une couleur de cheveux douteuse, laissant imaginer que la barrière séparant les baraques est encore moins étanche qu’elle en a l’air. Mais ces doutes et querelles de voisinage appellent autre chose qu’un règlement de compte, elles appellent un voyage dans l’intérieur des origines, à la recherche de la reine des mers du sud, ainsi que de belles ombres chinoises le réclament. Chant des mers du Sud est un film volontiers diffracté, au rythme saturé, qui multiplie les bifurcations pour nous perdreentre passé et présent, entre ici et là, et en même temps nous indiquer le chemin secret d’une quête des origines. Celle-ci est heurtée, elle impose plusieurs tons, la comédie et même l’épopée, le temps d’une séquence d’histoire dont on comprend combien elle résonne jusqu’à nos jours, et jusqu’à cette galerie de personnages qui bougent dans tous les sens faute d’assise, faut de savoir définir un lieu de vie, et même un statut social. L’odyssée équestre du fils maudit parmi les chevaux sauvages est l’autre versant de ce film étonnant et rocambolesque, éclaté entre de multiples désirs d’en découdre, avec l’histoire et les paysages d’Asie centrale, avec l’histoire familiale et l’éternité de ses convulsions.

Jean-Philippe Tessé

  • Titre français
    Chant des mers du sud
  • Titre original
    Pesni Juzhnykh Morej
  • Scénario
    Marat Sarulu
  • Photo
    Giorgi Beridze
  • Son
    Jörg Theil
  • Interprétation
    Vladimir Yavorsky, Dzaidarbek Kunguzhinov, Irina Agejkina, Ajzhan Ajtenova
  • Production
    Firm Kino

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