Dixième long-métrage du maître indien Satyajit Ray, dont la filmographie en compte presque quarante, Charulata est tiré de la nouvelle Le Nid brisé de Rabindranath Tagore. Charu, qui souffre de voir son mari la délaisser, ne peut réprimer ses sentiments pour son beau-frère Amal. Magnifique portrait de femme, ce sommet de l’œuvre de Ray (qui le considérait lui-même comme son film « avec le moins de défauts »–« my most flawless film ») noue le désir naissant dans un huis clos. Il saisit avec une grâce infinie la subtilité des jeux de Madhabi Mukherjee (Charu) et d’un de ses acteurs fétiches, Soumitra Chatterjee (Amal), tous deux stupéfiants de sensualité. Si leur union n’est jamais véritablement consommée, c’est que le cinéaste lui préfère une étude des corps et des sentiments, qu’il rehausse à l’envi de la poésie transcendante de sa lumière et de la littérature « vivante » qu’il anime sous nos yeux (jeux de la plume sanscrite).
Film présenté en version restaurée.
G.M.