Ceux qui auraient le souvenir du récent Là-bas (2006) de Chantal Akerman seront tentés de voir poindre entre les deux films une certaine parenté. Mais le Closure d’Anat Even n’est pas la fermeture, ni même le repli délibéré que son titre annonce. L’environnement familier dont la cinéaste reprend de sa fenêtre les mesures changeantes à la suite du décès de son frère est un lieu d’histoire. Pendant que de gigantesques constructions modernes sortent de terre aux abords des vestiges d’un pont construit par les Ottomans, les guides touristiques évoquent le glorieux passé de ce premier quartier juif construit aux portes de Jaffa. Entre ruines et bétons, d’un deuil à un film, c’est encore la force du récit (et des formes — Udi était sculpteur et potier) que d’être la réinvention fragile, nécessaire, de ce qui le constitue, le peuple et le hante, que de retenir les signes visibles du passage des êtres et des choses dissous dans des transformations étendues à toute une région.
Jérôme Baron