Dans La Chine est encore loin, présenté au Festival des 3 Continents en 2008, Malek Bensmaïl se penchait sur la transmission des savoirs en Algérie, sur le lieu même où le conflit indépendantiste s’était enflammé en 1954. Poursuivant un travail documentaire passionnant initié il y a presque vingt ans et à travers lequel se dessinent les contours d’une Algérie plurielle, sa relation avec son histoire et le pouvoir politique, le cinéaste s’intéresse cette fois à la question de la liberté d’information. Nous sommes en avril 2014, alors qu’Abdelaziz Bouteflika s’apprête rempiler pour un quatrième mandat, et le cinéaste s’installe dans les bureaux du grand quotidien francophone El Watan. Abritée par la Maison de la Presse d’Alger depuis les sanglantes années 1990, la rédaction attend de pouvoir intégrer ses nouveaux locaux, symboles de leur indépendance. Patiemment, précisément, Bensmail enregistre les débats, calmes ou enflammés, et filme au plus près les visages. Ils disent le respect, la curiosité intellectuelle, mais aussi la frustration. La démocratie peut-elle s’arracher des mains d’un régime autoritaire ? Après tout, El Watan fut fondé par des journalistes issus d’El Moudjahid… le journal du pouvoir.
A.G.