Dans l’immeuble d’un quartier pauvre de Vilnius, un couloir distribue plusieurs appartements, donnant sur une petite cour vétuste. Par la fenêtre, un homme blond, une femme intrigante, un enfant regardent. Ils y voient leur quotidien se jouer, tour à tour, évocations des répressions politiques, de la ferveur commune, du désarroi social.
Entièrement sans parole, Corridor plonge le spectateur dans un état de transe cinématographique une heure et demi durant. La beauté du noir et blanc, qui rappelle autant Dovjenko, Flaherty que Béla Tarr, et le travail minutieux de la bande sonore donnent à chaque plan une sorte d’évidence au présent, cette puissance de sidération dont quelques rares cinéastes ont le secret.
M.M.