Ali Ahmadzadeh a tourné clandestinement dans Téhéran ce film rageur qui présente la dérive nocturne d’un chauffeur de taxi dealer de drogues comme une longue tournée des malades, plaçant le film sur un plan métaphorique, celui d’un pays à bout de souffle, sans chercher à s’excuser de l’outrance du procédé. Une dimension punk non feinte teinte au contraire les scènes hallucinées, souvent absurdes qui se succèdent d’une certaine étrangeté, et l’émotion peut surgir, ou assaillir, à peu près n’importe où – souvent comprimée, déversée n’importe comment. Dans ces conditions de tournage et à ce degré de noirceur, surprend la vigueur du geste : jeux constants de la composition sonore, trajets en voiture – ce motif roi du cinéma iranien – devenus périple infernal sous stupéfiants, interprétation étonnante d’Amir Pousti, qui explore une zone critique entre apathie et empathie. FM
Première française