Vimukthi Jayasundara est un conteur, dont le cinéma regorge de personnages qui narrent, inventent, rêvent leur propre destin et celui des autres. Ils observent, inquisiteurs ou résignés, le chemin qu’a pris leur existence et qui aurait pu être tout autre. La violence est toujours présente, plus ou moins tapie, terrible lorsqu’elle surgit. Avec Sulanga gini aran, le cinéaste sri-lankais se penche avec entêtement sur l’impact de la mortalité, et de sa perception, sur le dessin des vies humaines. Un docteur fait du plus noble des métiers un lugubre laboratoire, criant sa propre souffrance de ne connaître que trop bien la vulnérabilité des êtres et sa propre finitude. Son assistant, soumis, se débat pour sa propre survie, désespéré par la difficulté de cette seule vocation. Un trafiquant d’organes joue avec la vie de ses semblables, ignorant sa propre peur de mourir. Un jeune homme se fait moine, dans le dessein de se familiariser avec la mort et peut-être trouver la sagesse. Ce portrait composite joue des contrastes entre ombre et lumière, entre la tentation de l’enfouissement et la recherche d’une certaine élévation. La destruction et la grâce, ces constantes humaines.
A.G.