Taira recherche la bagarre et la trouve, cognant d’abord sur les élèves d’un autre quartier de la ville puis bientôt sans motif sur tous ceux qu’il rencontre. Orphelin, il vit avec son frère Shota dans le petit port industriel de Mitsuhama, près de Matsuyama dans l’île de Shikoku. Mais qu’est-ce qui peut bien motiver ce déferlement de violence ? Un déterminisme anthropologique insulaire ? Le désœuvrement et le sentiment d’abandon ? Un besoin de mettre sa vulnérabilité à l’épreuve ? Un appel à la reconnaissance de soi ? La pure gratuité d’un geste dans une société où la consommation tarifée fait loi ? Comme toutes les fois où elle survient sans prévenir, la violence fait énigme et nous affecte à un degré supérieur. Ainsi, elle fascine également, étend son emprise sur d’autres comme c’est le cas de Yuya et Nana tour à tour victimes et agents de ces débordements. Partant d’un fait divers raconté au cinéaste par le protagoniste des événements, Tetsyua Mariko retrouve et saisit une fois encore, après Yellow Kid et Ninifuni, des personnages à la porte de l’âge adulte. Dans Destruction Babies, leur violence est rendue à sa complexité, portée par une émotion trouble mêlant crainte, excès et adrénaline. Elle renvoie le spectateur de films (et peut-être, au-delà, l’adepte des jeux vidéos) au plaisir habituellement éprouvé lorsque sur les écrans elle s’exerce. Mais n’attendez pas de Mariko qu’il règle le cas de notre étonnement en nous tendant la main bienséante d’une morale. JB
Montgolfière d’argent 2016
Sortie en France : 27 juillet 2022