En treize plans fixes, Distant quadrille la réalité géographie et (péri)urbaine d’une grande agglomération chinoise. Succession de paysages sans gloire mais non sans spectacle, chaque plan vient construire sa scène et révéler dans la durée une insolite micro-fiction. Les tonalités varient, se contrarient, se complètent, et du tragique à l’absurde (l’humour survient parfois là où on ne l’attend plus) le film mesure ces distances qui séparent désormais un être d’un autre être, les hommes aussi des choses qui les entourent. Ce qui trouble encore, dans ce monde chinois ici vu à travers un agencement d’espaces publics, c’est la collection de gestes infimes, intimes, fragiles qui résistent involontairement à toute dissolution. L’humanité pourtant, n’est plus vue que sous l’angle d’une relation d’étrangeté avec un milieu qu’elle a elle-même engendré. Elle y semble comme… abandonnée.
J.B.