Entre deux mondes
(Ahasin Watai)

Plusieurs points communs rapprochent les films du cinéaste sri lankais (Land of Silence, 2002 ; La Terre abandonnée, 2004 ; Chatrak, 2011) parmi lesquels la reprise d’une double assertion : l’attachement de Jayasundara au pouvoir d’un récit révélé par la transmission orale et sa manière de graviter autour de l’abandon pour le donner à voir tour à tour comme un déchirement ou comme un événement libérateur. Son cinéma convoque ainsi un imaginaire affranchi du réalisme de bon aloi, un peu caricaturalement attendu d’un film venant de son pays, et redispose selon une inspiration syncrétique qui lui est propre un héritage culturel transmis en le brodant de références personnelles, acquises. Ainsi, Entre deux mondes pourrait aussi bien être la survivance mythologique d’un monde fort ancien que sa science-fiction. Entre deux temps donc, il est essentiellement la parabole inquiète, la vision préapocalyptique d’un désastre annoncé. JB