Hyeon (Park Hae-il, The Host), revient à Gyeongju enterrer un collègue. Au vertige d’être pris pour un étranger dans son pays d’origine succède le trouble diffus de souvenirs futiles ou profonds, graves ou légers qu’il a vécus dans cette ville sept ans plus tôt. D’abord cette peinture pornographique vue dans un salon de thé et qu’il tient à revoir, même si l’établissement, Arisol, a changé de propriétaire. Comme Hong Sang-soo qui ancre ses récits dans des lieux précis de Séoul, Zhang Lu s’appuie sur les particularités de Gyeongju, haut lieu historique de la Corée. Les tumulus funéraires qui entourent la ville, décor d’une des plus belles séquences du film, s’y offrent en métaphores des choses et des êtres perdus qui hantent Hyeon. Lorsqu’il croit renouer joyeusement avec une ancienne amante, le voici face à une femme qui réécrit leur passé commun. Mais le rythme de ce film qui ne hâte jamais les 24 heures de son action tamise même cette révélation et tient à distance le pathos. Zhang Lu fait infuser trivial et noble, identités chinoise et coréenne, passé et présent en une expérience de cinéma à la fois délicate et amère.
C. G.