5 heures et 17 minutes, c’est peu. Surtout s’il s’agit de « trouver son centre », comme le propose ambitieusement le programme de l’atelier auquel s’inscrivent les quatre héroïnes de Happy Hour. Jun est en quelque sorte le centre de ce groupe d’amies, ayant présenté Fumi, Akari et Sakurako les unes aux autres. Mais c’est également d’elle que vient la menace de dissolution du quatuor, suite d’abord à l’annonce de son divorce, puis de sa disparition. Fusionnant avec bonheur les formes du cinéma, de la série télévisée et du documentaire, Ryusuke Hamaguchi reste à tout moment maître de son récit, ménageant des échappées et assumant la distension de certaines scènes, dont le pouvoir révélateur et la charge émotionnelle s’en retrouvent, sans prévenir, soudainement décuplé. Les moeurs et préoccupations de Japonais entre tradition et modernité, au cœur de la ville de Kobe et de ses alentours, mais aussi de riches paysages intérieurs, dévoilés par un monologue ou par un regard : tout nous apparaît, de plus en plus limpide, au fil d’un scénario en apparence lisible mais ô combien courageux, à l’image de ses admirables actrices. Ce sont cinq happy hours passées en leur compagnie.
A.G.