Si céleste et divin sont deux traductions possibles du terme anglais Heavenly, ce sont aussi des approches subtilement nuancées pour apprécier doublement ce premier long-métrage kirghize. Céleste désigne dans le film tout le champ sémantique de l’altitude poétique et de sa force magnétique sur la tribu – les grands espaces, la roche ancestrale, la nature sauvage – alors que divin distingue davantage le caractère magique et mystérieux des légendes traditionnelles et des détails ethnographiques subtilement énoncés au fil de la rencontre avec cette famille multi-générationnelle. La précision de la mise en scène de Mirlan Abdykalykov, simple et efficace, est rehaussée par un traitement irréprochable des paysages, qui assoit le film dans une temporalité suspendue pour soutenir le merveilleux de la vie nomade.
Pouvant être perçu comme un hommage à des hommes et des traditions dont la rareté confine à la disparition, Sutak (titre original du film, qui est aussi le nom de l’aigle) est aussi une évocation onirique du conflit entre tradition et modernité.
Guillaume Mainguet