« Je suis un Iranien qui ne pense pas comme eux et je le leur dis » : depuis son premier long métrage, Mehran Tamadon s’intéresse à la parole de compatriotes qui contrairement à lui, soutiennent le régime actuellement au pouvoir dans son pays natal, tels les miliciens religieux de Bassidji. Iranien athée résidant en France, il décide en 2010 d’entamer un dialogue avec ces « autres » sous une forme circonscrite, concrète et presque ludique : il invitera des religieux dans sa maison de famille des abords de Téhéran pour leur proposer une sorte de colocation et, l’espace de quelques jours, échanger leurs points de vue. « Vivre ensemble », donc, pour que le quotidien, la distribution des tâches et des espaces, aident à briser l’exclusion mutuelle. Trouvés après une longue recherche, les quatre mollahs qui ont accepté de participer à l’expérience se prennent au jeu et détaillent avec un indéniable talent rhétorique leurs us et leurs valeurs. Face à eux, le cinéaste est à la fois lui-même et un personnage, une autofiction que la distance introduite par le dispositif et par le temps de montage transforme en relais de nos propres interrogations de spectateur.
C. G.