Roya est une jeune femme pleine de ressources, qui jongle avec des emprunts pour rembourser une lourde dette. Sa « tchatche » et sa volonté d’en découdre la placent au sommet d’un petit système pyramidal qui pourrait s’avérer lucratif, mais rapidement, la mécanique s’enraye et l’angoisse succède à la maîtrise.
Avec un sens des enchaînements narratifs rappelant celui de son aîné Jafar Panahi (Le Cercle, Sang et Or), Mahmoud Ghaffari fait le portrait d’une protagoniste enserrée dans un double carcan qui mêle inextricablement inégalité sociale et sexuelle. Ni héroïsée ni désignée comme victime passive d’un système écrasant, son personnage est à la fois guerrier et évanescent. Il n’est pas interdit de voir, réflexivement, dans cet acharnement qui tire son énergie du désespoir, la nécessité dans laquelle se trouve tout cinéaste qui pratique son art en Iran aujourd’hui : celle de se battre jusqu’à ce que même son absence laisse un vide lourd de sens. CG