La Femme qui est partie
(Ang babaeng humayo)

La modestie des moyens du film est à l’échelle humaine des histoires racontées, figurations d’un peuple dont la destinée échappe à toute maîtrise. Cataclysmes naturels, violences policières, précarité matérielle, loi martiale imposent un ordre des choses liant le passé au présent, la jungle des villes aux recoins isolés de l’arrière-pays. Il faut dans La femme qui est partie ce même temps long, trente années exactement, pour qu’Horacia injustement accusée d’un crime qu’elle n’a pas commis soit enfin libérée. En apparence, elle ne semble animée à sa sortie que par le désir de se venger. Mais dans ce mélodrame, Lav Diaz, comme Lino Brocka jadis, rend les personnages à leur complexité et à une fragilité qui témoigne encore de leur humanité. JB