Prenant au mot la taquinerie selon laquelle son œuvre serait une série de variations peu différenciées du même film, Hong Sang-Soo propose avec Right Now, Wrong Then (son titre anglais) deux films en un, qui s’emboîtent dans une proximité plus immédiate qu’à l’accoutumée. Confiant mais intrigué d’entrée, le spectateur découvre un premier titre qui semble erroné, Right Then, Wrong Now, suivi cependant d’un récit qui reprend des figures parfaitement familières : un cinéaste en vadrouille rencontre une jeune femme admirative, qui se trouve ici être artiste peintre. Notre situation de confort, dans ces retrouvailles avec des schémas narratifs coutumiers, est propice à la surprise délicieuse que procure une seconde moitié qui, suite à la restitution du titre désiré, s’applique à corriger de la même façon les événements relatés précédemment. Occupant les mêmes espaces, dans le même ordre, avec les mêmes personnages, cette variante de l’histoire explore d’autres possibles, et la rencontre amoureuse autour de laquelle elle est construite prend une tournure à la fois subtilement et profondément différente. De tout petits décalages, régalant de leur cocasserie un spectateur forcément complice. C’est tout l’art du génial conteur coréen.
A.G.