Ce premier long métrage pourrait s’appeler Histoire d’un secret. À l’occasion d’une fête togolaise, l’akpéma (initiation des jeunes filles par des femmes mûres), la réalisatrice revient sur un secret de famille. « La Folle », c’est Pitalou, sa grand-mère, partie du foyer et comme effacée de la mémoire familiale. Au moment de parrainer sa jeune sœur pour l’akpéma, Gentille Menguizani Assih choisit la transmission contre le secret, quitte à se confronter à son père devant la caméra. En mêlant ethnographie et autobiographie, elle remet en cause les rôles sexuels traditionnels et pointe l’hypocrisie d’un rite qui, tout en célébrant la dignité féminine, permet aux chefs de se choisir de jeunes épouses. À la fois protagoniste et observatrice, elle prodigue à son père, contre toute attente, une écoute psychanalytique. Son calme s’ancre dans une conviction : Pitalou c’est elle, revenue « rétablir la vérité », laver une injure sexiste colportée depuis des générations. CG