En 1985, après le retrait israélien du Liban, le village d’Ain El Mir se retrouve exposé en première ligne. Dans ces conditions, la famille Dagher se voit contrainte de quitter sa maison désormais occupée par un groupe de résistants issu du Parti Démocratique Populaire. Lorsque le conflit s’achève, en 1991, Ali Hashisho, un de ces résistants, rédige à l’intention de la famille Dagher une lettre justifiant de l’occupation de leur habitation durant sept longues années et leur souhaite un bon retour. Cette lettre est placée dans la caisson vide d’un obus et enterrée dans le jardin. En novembre 2002, le réalisateur se rend à Ain El Mir et entreprend de déterrer la lettre.
« Akram Zaatari filme en temps réel un ouvrier creusant le jardin pour retrouver ce précieux document qui établit un lien matériel et affectif entre les pères et les enfants, entre la guerre et la paix, entre le souhait de préservation et le désir de comprendre, en somme entre l’événement et la possibilité même d’écrire l’histoire. Pour mettre en forme cet événement, Akram Zaatari a conçu son film comme un travail de mise en relations. Il a divisé la surface de l’image en trois zones symboliques : deux pôles d’images à taille variable et un fond noir support d’écriture, ce « troisième corps » dont parle le Pr. Berthier*, celui qui permet le frottement des deux autres.(… ) »
Extrait d’un texte de Nicole Brenez