« Tu verras ton père au Nouvel An ! ». Yingying, Zhenzhen et Fenfen, les trois fillettes du titre grandissent presque en sauvageonnes auprès de leur grand-père, dans une maison que seule éclaire le soir une télévision presque anachronique en ces lieux. Charbonneux, venteux, boueux, pouilleux… Wang Bing nous a habitué à cet univers pulvérulent dès À l’Ouest des Rails. Mais dans ces montagnes du Yunnan, ce sont des débuts de vie qui s’écrivent, pas la fin d’une ère. Impossible de ne pas penser que les labeurs répétitifs de ces petites (ramassage de crottes de mouton, foulage au pied de la pâtée pour cochons…) sont le revers crasseux de la médaille un peu trop dorée de la Chine capitaliste. Mais la puissance du regard de Wang Bing dépasse le constat misérabiliste pour atteindre, comme l’a noté Arnaud Hée sur le site Critikat lors de la première du film à la Mostra de Venise, « une science-fiction du réel 1». CG
1 A. Hée, « Des humains avec des noms », http://www.critikat.com, 11 septembre 2012.