Terri forme avec Sandile un couple étrange : la jeune femme refuse de déclarer clairement son amour, retient une évidente peur de l’intimité. Comme elle gagne sa vie en faisant l’amour par téléphone, les appels interrompent à tout bout de champ la relation amoureuse. L’humour de ce premier film improvisé avec de bons acteurs à partir d’un mince canevas repose sur le décalage tantôt burlesque tantôt poignant qui persiste entre les êtres. Entourés d’amis qui tiennent à ce qu’ils restent ensemble, Terri et Sandile soupçonnent l’existence d’un complot : à qui profite le couple dans le cercle amical, familial, social, religieux ? Décalage aussi, parce que les gens se poursuivent à contretemps. Eugene, client téléphonique de Terri, s’adresse à elle comme si elle était son ex-fiancée dont le départ l’a dévasté, transformant l’usage trivial du sex phone en une pratique hybride, entre déni et espace thérapeutique. Décalage enfin, parce que le parallélisme des vies des uns et des autres reflète une société sud-africaine que la cinéaste dit « principalement faite de marginaux ». « Mettez des gens dans une pièce et regardez ce qui se passe. C’est toute l’histoire de l’Afrique du Sud ».
C. G.