Matins calmes à Séoul
(Book chon bang hyang)

À la production en série de films d’action en Corée du Sud, Hong
Sang-soo répond en enchaînant à une cadence soutenue des films
contigus (quatre au cours des deux dernières années) partageant
invariablement le même matériau : repas bien arrosés au soju, artistes
tourmentés et velléitaires, déceptions affectives. À leur façon, ses
films élaborent un quasi-genre, comédie indolente et mélancolique,
dont il ne cherche plus à déjouer, comme le signale ironiquement le
Hahaha d’un de ses titres, le caractère prévisible. Bien au contraire,
voir un film d’Hong Sang-soo c’est avant tout renouer avec une certaine
intimité. C’est aussi cela que vient chercher à Séoul le personnage
principal de The Day He Arrives, Seong-jun, un cinéaste plus alter
ego que jamais de Hong Sang-Soo. Pendant trois jours, il marche, lit,
prend quelques notes pour se donner le sentiment de ne pas trop
paresser, croise des connaissances plus ou moins vagues et quelques
amis, authentiques personnages de cinéma (critiques, réalisateurs,
étudiants). Comme souvenir de cette déambulation, un baiser volé,
des flocons de neige qui disparaîtront bientôt, et une bonne gueule de
bois : la délicate mais amère ironie d’un cinéma qui s’amuse du récit
pour troubler l’image que chacun veut donner de lui-même. JB.