Précaution, observation, précision, minutie : autant de qualités que Hernán Rosselli, qui signe ici son premier long métrage, partage avec son héros Mauro. Héros ? Anti-héros plutôt, pur produit de la crise argentine qui n’en finit pas d’ouvrir le troisième millénaire. Une crise désormais soluble dans le quotidien de tout un chacun, une crise émoussée qui rend le trafic (Mauro est chargé d’écouler de faux billets pour un malfrat) aussi routinier que l’emploi du temps d’un chauffeur de bus, et la prise de cocaïne, aussi démocratisée que la consommation d’alcool. Loin des fantasmes d’ascensions et de chutes du film de gangsters et des comédies romantiques que la mère de Mauro, cinéphile à ses heures, s’acharne à lui raconter par le menu, la clandestinité grise de sa vie va prendre un tour nouveau lorsqu’il décide d’établir son propre « business » avec son couple d’amis proches. La rencontre de Paula, nouvelle venue à Buenos Aires, achève de compliquer la situation. Hernán Rosselli, en tenant de bout en bout une ligne qui refuse le sensationnalisme de son sujet, parvient à fasciner dans sa description de ce qu’il faut bien appeler, tout jugement mis à part, un métier. Savoureux paradoxe qu’un personnage spécialiste du simulacre dégage une telle impression d’authenticité.
C.G.