Après Bi, n’aie pas peur, présenté en 2010 au Festival des 3 Continents, Phan Dang Di compose de nouveau un portrait de groupe sensible et envoûtant. Au regard de l’enfant de Bi succède dans Mekong Stories celui d’un jeune homme découvrant sa sexualité. Vũ vient de s’installer à Saïgon pour y étudier la photographie, et son père ambitionne de le marier à la charmante orpheline avec laquelle il a grandi. Mais ces beaux projets ne seraient-il pas voués à sombrer dans les eaux boueuses du Mékong ? Car nous sommes en 2000, et la crise économique obscurcit les perspectives d’avenir, laissant place à de dangereux expédients. Une vasectomie contre un Nokia ? Pourquoi pas. Plutôt que de voir loin, on s’envoie très haut, le temps d’une nuit en discothèque magnifiée par les stupéfiants. Mais à l’extase succède le réveil endolori. Ce monde de la nuit, Vũ le découvre avec l’un de ses colocataires, Thang, serveur dans une boîte et petit dealer. Contrairement à tous ceux qui désirent la sublime danseuse Van, Vũ désirerait être elle, pour pouvoir donner libre cours à son attirance pour Thang. Les corps moites se toisent, se reniflent, s’effleurent, dans un ballet voluptueux dont la forêt luxuriante est l’écrin.
A.G.