Mirage de la vie
(Imitation of Life)

Second remake par Douglas Sirk d’un film de John M. Stahl (1934), Mirage de la vie (1959) est aussi le film d’adieu du cinéaste à Hollywood. Dans ce récit d’émancipation réprouvée, Douglas Sirk réaffirme son style à la fois flamboyant et intimiste pour porter le mélodrame vers un de ses sommets les plus élevés. Autour d’un quatuor féminin, deux mères célibataires et leurs filles, dont les trajectoires tout en contrepoint se précisent les unes les autres, Douglas Sirk orchestre avec autant d’emphase que de précision la réalité des clivages et des tourments affrontés par ces femmes mues par le désir de vivre autre chose : Lora rêve de devenir une actrice admirée, Sarah Jane, la fille métisse de Susie, de braver la ségrégation à laquelle sa mère est réduite par la couleur de sa peau. Bouleversante, ambiguë, la scène finale, portée par la puissante voix gospel de Mahalia Jackson, demeure une des plus belles séquences de funérailles de l’histoire du cinéma. JB