Dans la province colombienne de Risaralda, le village de Mirador étale ses lettres sur une colline, comme à H.O.L.L.Y.W.O.O.D.. Alonso a quitté sa province natale du Caldas, où vit toujours son frère Novier. Le film est porté par la parole de leur mère, qui semble avoir épousé non seulement un muletier, mais l’entière tradition des muletiers. Même Alonso, devenu cordonnier, cloue un talon de femme comme on ferrerait une mule. Leurs existences parallèles, que le film ne construit pas sur un facile effet de contraste, sont toutes les deux précaires, besogneuses, taciturnes. Chacun à leur manière, le cowboy et le colporteur sont les derniers rejetons de modes de vie que l’on sent près de disparaître. Ils impressionnent surtout par la précision technique de leurs gestes et par leur façon d’habiter et d’arpenter chaque recoin de cette topographie accidentée. La répétitivité de leur quotidien taiseux, qui imprègne une première partie descriptive, ne laisse pas présager le tour narratif et plus disert d’un deuxième moment du film – un Convoi des braves commence lorsqu’un docteur des hauteurs les charge de déménager ses meubles à dos de mule.
C.G.