Un troupeau de taureaux musculeux, fulminant au sein de leur enclos et prêts à se précipiter furieusement dans l’arène où ils seront immanquablement mis à terre. Cette allégorie d’une ambition folle titillée puis déçue par la croissance économique désormais essouflée de son pays, le Brésilien Gabriel Mascaro la déploie tout au long de Neon Bull. De la poudre aux yeux, la poussière soulevée par les sabots ? Parmi les belles bêtes se détache la silhouette d’un homme tout aussi rugueux et superbe, Iremar, pilier d’un petit groupe vivant de l’engouement pour les traditionnelles vaquejadas, une forme de rodéo pratiqué dans le Nord-Est du Brésil. Au sein de cette famille de fortune, le cowboy est doux comme un agneau et rêve de devenir couturier, tandis que sa blonde collègue est la râleuse qui répare le camion. Mais le volontarisme de ces chamboulements de clichés est oublié tant ces personnages attachants suivent une route terrienne, se tenant les uns aux autres au gré de variations d’humeurs, entre mélancolie et drôlerie. Car au désir de réussir sa vie fait écho celui, plus immédiat, attisé par le parfum des corps, dans un irrésistible crescendo sensoriel et sensuel.
A.G.