Figure divine dissidente de la mythologie chinoise, dépeint comme un jeune homme combatif mais compatissant, Nezha a inspiré plus d’un récit. Le premier film de Tsai Ming-liang, Les Rebelles du dieu néon, avait pour titre original Nezha adolescent. S’inspirant d’une nouvelle épistolaire, l’auteur et réalisateur Li Xiaofeng compose ici le magnifique double portrait d’un Nezha féminisé, narrant l’amitié de deux collégiennes dans une petite ville de la province de l’Anhui, entre urbanité et ruralité, modernité et tradition. Li Xiaolu, 16 ans, fait une entrée tonitruante dans le film, et dans la vie monotone de Wang Xiaobing. Celle-ci, bonne élève mais déprimée par l’échec du mariage de ses parents, est emplie d’un solide mépris envers l’hypocrisie des adultes, et reconnaît instantanément en Xiaolu sa semblable : une âme pure. Faisant tout avec la détermination d’une conquérante et un sens de la justice indéfectible, Xiaolu s’attire à la fois le dévouement d’un camarade féru d’arts martiaux et la rage des professeurs, menacés par une telle liberté. Joie des folles échappées, mélancolie de la solitude : l’alternance de ces états ne fait que rendre plus criante la réussite des deux amies à construire des souvenirs communs.
A.G.