Hong Kong, 1960. Parmi un assortiment piquant d’escrocs à la petite semaine, de putains au regard vague et d’amoureux transis, Yuddy est un homme à la fois jeune et beau, intelligent et cruel. Il a de nombreuses aventures mais laisse tomber ses compagnes dès qu’elles s’attachent trop à lui. Il entretient avec sa mère adoptive des rapports d’amour mêlé de haine. Yuddy erre au gré de la vie, apparemment sans racines et sans but. Il apprend que sa vraie mère est toujours en vie et décide d’aller la voir à Manille où elle vit. Lorsqu’elle le rejette, on se demande à quel point il est vraiment blessé. Le rock des années soixante accompagne Yuddy dans son errance.
« Wong Kar-wai a le génie des rencontres et il aime à se laisser happer, emporter au gré de son inspiration fantasque, par un personnage, une situation, comme on suivrait une fille aperçue dans la rue ou croisée dans le métro. (…) Nos années sauvages a l’inconscience, l’insouciance et l’inquiétude, la fièvre et la mélancolie de la jeunesse. Yuddi est un héros existentiel qui n’a d’autre motivation que de se déplacer, errer sans cesse, fuir en avant comme en arrière. Sa raison d’être c’est d’être là, c’est tout. »
(Thierry Jousse, Cahiers du cinéma n°500, mars 1996)