Clemente, prêteur sur gages comme l’était son père, mène sa vie intime avec la rigueur calculatrice qu’exige son métier. Quand une prostituée dépose chez lui un bébé dont il serait le père puis disparaît, il cherche à s’en défaire. Mais c’est compter sans l’intérêt que lui porte une voisine, bigote vouée au culte du Seigneur des Miracles, célébré par de magnifiques processions au mois d’octobre. Inspirés par la circulation du billet de banque dans L’Argent de Robert Bresson, les frères Vega font le portrait d’un homme dont la vie repose sur le déni de l’amour et de l’amitié, un déni dont l’absurdité confine au comique. Si Clemente a un mal de chien à se débarrasser du faux billet que lui a donné un client, c’est sans doute parce que son refus des relations humaines est en train de le mener à sa perte. Loin d’être seulement un décor flamboyant, le « mois pourpre » (en octobre, les bâtiments sont tendus de pourpre en hommage à Jésus) donne au film sa forme singulière. Construit sur un contraste entre le faste de la procession et l’austérité du héros, Octubre raconte un imperceptible retour à la vie…CB