Du passage de Jean Rouch et de son engagement autour d’un atelier de formation au Super-8 à l’Université du Mozambique, il ne reste d’empreinte cinématographique que ce film co-réalisé avec Jean d’Arthuys. Avec une remarquable simplicité, Makwayela fait d’un chant un spectacle et un lieu de mémoire. La situation d’ Estas são as armas dans la jeune cinématographie mozambicaine est particulière. Désiré par Samora Machel pour éclairer son peuple sur une définition de l’impérialisme au moment où la Rhodésie voisine multiplie les attaques contre les populations civiles, le film revisite des archives appartenant pour la plupart au passé colonial et à la guerre pour l’indépendance afin d’en réinscrire la vision et la lecture dans un contexte présent. Ces images du passé, réinvesties, remontées, s’autonomisent au point de devenir à leur tour une arme en réponse aux humiliations antérieures et aux attaques présentes. Ofensiva de Camilo de Sousa tire son nom de l’Ofensiva Político Organizacional lancée en 1980 par le président Samora Machel et son parti le FRELIMO. Dans sa volonté de créer selon les préceptes marxistes qui le portent un « nouvel homme mozambicain », le gouvernement développe un programme éducatif et réformateur ayant pour projet de viser les tares (corruption, fainéantise, sabotage, incompétence) empêchant la population de construire collectivement les conditions d’une émancipation aboutie et l’industrie de répondre aux espérances de rendement attendu. Sans être étiqueté Kuxa Kanema – littéralement « naissance du cinéma », nom d’une série de journaux cinématographiques diffusée dans tout le pays et réalisée par l’INC à partir de 1977 – Ofensiva en est un prolongement immédiat et sans doute la plus remarquable manifestation dialectique. J.B.
Ofensiva
(Ofensiva)
- France
- Mozambique
- 1980
- Noir & Blanc
- 33′
- Portugais
- Titre français
Ofensiva - Titre original
Ofensiva - Photo
Ahmad ALI - Montage
José CALDEIRA - Son
Pedro MASSARONGO - Musique
OBADIAS