P-047
(Tae Piang Phu Deaw)

Lek et Kong, respectivement serrurier et écrivain en devenir,
occupent leurs journées de manière peu banale : ils font
effraction chez des gens non pas pour les cambrioler mais pour
vivre leur vie par procuration, le temps de leur visite : se mettre
dans leur peau ou plutôt, enfiler leur chemise, manger dans leurs
casseroles, avant de tout ranger soigneusement. Mais goûter
ainsi à la « vie des autres » ne va pas sans risques, socialement
bien-sûr et aussi psychiquement.L’approche originale de Kongdej
Jaturanrasmee (dont Midnight My Love, le premier long métrage,
avait fait l’objet d’un Atelier Produire au Sud au F3C en 2003),
consiste à entraîner son film lui-même dans ces risques : au fur
et à mesure que le film avance, les strates narratives se brouillent,
les contours entre rêve et réalité, identité et altérité perdent
de leur netteté. Parti du portrait cocasse de deux jeunes losers
urbain, P-047 s’aventure dans un questionnement sur ce qui est
à soi et ce qui n’est qu’emprunt. D’où certaines citations d’autres
films thaï, et pas des moindres : on jurerait reconnaître la marque
d’Apichatpong Weerasethakul dans une scène sensuelle tournée
dans la jungle… CG