Beto est le gardien d’une maison à Mexico, restée vide depuis plusieurs années, dans laquelle il a longtemps travaillé comme domestique. La solitude des dix dernières années, la monotonie et la routine de son travail l’ont incité à mener une vie reculée, qui pourrait sembler étouffante, mais lui fournit un environnement sûr et stable, contrairement au monde extérieur menaçant. Il a développé une crainte pathologique pour l’extérieur, au point de limiter ses contacts à deux seul personnes : le propriétaire de la maison, pour qui il a un sentiment de gratitude et de respect profonds qui se traduit par un rapport d’obéissance ; et Lupe, une amie, à la fois sa confidente et maîtresse. La maison devant être vendue, Beto se demande s’il va confronter à nouveau le monde extérieur ou s’il va trouver une solution pour rester dans son isolement. Si Parque Via n’est pas sans affinités avec les tendances récentes du cinéma mexicain, de Carlos Reygadas (Japon, Batalla en el cielo, Lumière silencieuse) à Amat Escalante (Sangre, Los Bastardos), dont la radicalité des postures tutoie parfois l’outrance esthétique, on verra que le film d’Henrique Rivero parvient à tracer une perspective d’un réalisme si fort qu’il effleure le fantastique. Inspiré de la vie réelle de son interprète principal, Norberto Coria, le film nourrit autour de la présence de son acteur/personnage une intrigue à la complexité toute souterraine. Ici, le jeu sur les distances spatiales en interroge progressivement de moins visibles, celle de l’acteur à son personnage Beto, d’Enrique Rivero à Coria, et à l’intérieur du récit lui-même celles de Beto à la vieille propriétaire de la maison, à Lupe, l’amie et amante, ou au monde qui l’entoure. Car c’est sans doute un des aspects les plus stimulants de Parque Via que de réactiver certains archétypes (relation maître / subordonné, amant / maîtresse…) pour mieux nous inciter à découvrir progressivement dans quelle mesure la situation les dépasse.
Jérôme Baron