C’est en investissant le jazz que Larry Clark cerne le plus intimement la lutte de ses personnages noirs contre la domination, ici celle des producteurs de musique, capitalistes blancs. L’engagement de son héros, un saxophoniste, se situe indissociablement sur le plan de la pratique (un projet de maison de disques indépendante et collective) et sur le plan des formes (les sons et les rythmes du free jazz, ses racines afro). Ces deux strates de conscience deviennent celles d’un film dont le scénario se joue de l’industrie hollywoodienne, et dont l’esthétique tend à fusionner avec l’improvisation jazz comme territoire culturel afro-américain. Ses envolées synesthésiques associent librement musique, réminiscences fictionnelles et documentaires, variations colorées, fondus au bleu ou au rouge hypnotisants… Dans Passing Through, la transformation politique s’initie dans cette reconquête du sensible. Camille Bui
DCP de préservation avec l’aimable collaboration du UCLA Film & Television Archive