Par sa forme comme par son contenu, Perfumed Nightmare prend le contrepied du cinéma occidental mainstream, pour ne pas dire hollywoodien. Première réalisation d’un jeune Philippin né en 1942, Eric Oteyza de Guia, ce film est plus qu’un film : en se réinventant Kidlat Tahimik, cet autodidacte du cinéma ouvre avec grâce et humour d’autres possibles cinématographiques, bouscule le genre ethnographique et interroge avec une fausse mais efficace candeur la domination occidentale sur son pays. Même le discours anticolonialiste se trouve reformulé dans cette fable désenchantée où Kidlat Tahimik, dans son village proche de Manille, rêve de construire des ponts jusque sur la Lune et découvre l’autre face du monde occidental à la faveur d’un voyage à Paris.
Anne Kerlan