Policeman
(Hashoter)

Le film de Nadav Lapid surpris son monde par un effet non-programmé
de synchronie. La sortie du film à la veille des grandes manifestations
israéliennes du printemps dernier contre les inégalités sociales et la
vie chère, pose problème au point d’être assortie d’une interdiction
aux moins de 18 ans de peur qu’il ne rencontre un écho inopportun
auprès de la jeunesse. On ne saurait pourtant réduire l’impact de
ce premier film à une remarquable coïncidence factuelle. Yiftach
Klein (Yaron) y incarne un membre d’une unité anti-antiterroriste
d’élite de la police israélienne, de vrais durs, entretenant à loisir
une camaraderie musclée (la barbecue-party) et un esprit de corps
infaillible (face à la maladie de l’un d’entre eux). Il va aussi devenir
père, et prépare la venue de sa fille en se posant comme rempart
contre une menace extérieure permanente (invisible dans le film).
Le basculement brutal du récit dans une seconde partie, profilera
la rencontre de Yaron et de sa virile armada avec une autre réalité
intérieure, un autre groupe, dont le courage n’a d’égale que
l’inexpérience de l’âge (indétermination sexuelle, sentimentale,
sociale et politique). De cette mission, il ne sortira pas indemne.
Nadav Lapid, lui, joint la force à l’audace. JB