Ce film qui s’ouvre sous les chenilles d’un tank pour se poursuivre immédiatement après dans les coulisses d’un cabaret allie l’ampleur d’une fresque historique et l’âpreté d’un fait-divers. Mario, modeste employé de la morgue de Santiago, assiste impuissant au coup d’État du 11 septembre 1973. Voisin admiratif d’une strip-teaseuse sympathisante communiste, il découvre un matin la maison de sa voisine mise à sac. Pablo Larraín avait tourné son précédent film, Tony Manero, avec le même acteur, Alfredo Castro, remarquable de retenue et d’intensité dans le rôle d’un homme à la neutralité grise. La force de la mise en scène de Post mortem consiste à contenir dans une seule séquence, hors-champ, la violence d’une prise de pouvoir antidémocratique : c’est pendant les quelques minutes où Mario prend sa douche que le raid chez sa voisine a lieu, comme si la dictature était par définition ce qui advient toujours chez le voisin. Puissamment ancré dans l’intimité de ses protagonistes, Post-mortem, jamais démonstratif, ne livre pas moins une véritable autopsie du Chili des années noires par voie cinématographique. CG