Douze ans après l’avoir filmé, João Moreira Salles reprend les rushes d’un film inachevé sur Santiago, majordome argentin de la riche famille Salles. Santiago, homme cultivé, collectionneur et un brin dandy, déroule sa mémoire face à la caméra, donne en spectacle sa parole. Montant le film après sa mort, Salles filme les ruines de la maison familiale, proposant « une réflexion sur le matériel brut ». Le montage de ces rushes, d’un noir et blanc magnifique, interroge par leur pouvoir de réminiscence, tout comme Santiago nous interroge là, à travers la mort. Par des idées formelles fortes, le film invite généreusement le spectateur dans son mouvement, entre fascination et distanciation réflexive de ses images.
M.M.