« Papa, qu’est-ce que le gouvernement de l’Inde ? – C’est moi ». Dans le premier long métrage d’Irfana Majumdar, nous observons l’Inde dont l’indépendance est encore récente depuis un jardin, une arrière-cour, des chambres, une cuisine et la table à manger de la maison (ostensiblement peuplée de domestiques) du chef local de la police gouvernementale. Manière faussement naïve d’exposer les différentes chaînes de servitude et les règles d’un jeu social où chacun tient une place dans une hiérarchie précise y compris la mère de famille (finement interprétée par la réalisatrice). Reste la petite Anjana, à l’âge des questions et des fées, dont le talent pour l’écriture et la capacité d’émerveillement (qui nous rappellent le balancement de Madhabi Mukherjee dans Charulata de Satyajit Ray) sont nourris par sa relation avec le domestique Shankar. Fable politique d’un pays qui veut se rêver sans voir les carcans paternalistes et classistes qui façonnent sa réalité. AR
Première française