Il pourrait être tentant d’interroger une tendance très contemporaine du jeune cinéma indien indépendant à réactiver une veine néo-réaliste. Pour autant, Shivamma n’a pas volé de bicyclette. Femme pauvre, d’âge moyen et sans instruction, elle rêve maladroitement d’un peu de justice et, séduite par les arguments du marketing-direct de la boisson énergisante Nuracle, elle entrevoit l’espoir d’améliorer un ordinaire précaire. « I will do it! » devient son credo – il faut bien croire en quelque chose. Un peu acariâtre et têtue, la détermination affichée par Shivamma devient vite le signe de son aveuglement. En refusant d’idéaliser la figure du pauvre, Jaishankar Aryar fait de la naïveté de Shivamma le point de départ d’un subtil conte moral dont les interprètes amateurs pourraient bien être les vrais protagonistes. JB
Première européenne