Rares sont les documentaires qui parviennent à prendre la mesure minérale, botanique, humaine et animale d’un territoire sans laisser l’impression d’un survol esthétisant, quand il n’est pas carrément touristique. De la beauté naturelle des montagnes de l’état brésilien du Minas Gerais, Marcos Pimentel et son chef-opérateur Mathias Rocha n’ont certes aucun mal à rapporter des images splendides, nourries du contraste entre la modestie du village qu’ils filment et la singularité de la formation rocheuse, la fragilité du geste des hommes et la force des éléments, la tension entre la destination utilitaire du bétail et la dignité du rapport d’élevage. Mais Sopro, sans commentaire et presque sans dialogues, déploie le « souffle » de cette existence sans pour autant en faire l’emblème d’un mode de vie exemplaire. Le montage relève à la fois d’une justesse rythmique et d’un principe d’association d’où émane une forte cohérence. Dans une approche qui rappelle le travail d’Eugenio Polgovsky au Mexique (Los Herederos, 2011), la composition de chaque plan et la mise en parallèle de matières, de formes et de moments de la vie font se côtoyer enfance et vieillesse, vie et mort dans ce qui apparaît comme un temps cyclique.
C.G.