Thanatos, Drunk s’ouvre sur une citation de Li Bai, poète de la dynastie Tang. Célébrant l’ivresse, il invite à profiter des plaisirs terrestres, remarquant que la vie nous file entre les doigts. Il nous semble alors cohérent que le premier personnage rencontré, une femme cinquantenaire, titube sous les effets de l’alcool. Mais son ébriété est triste, et le constat du temps qui passe est pour elle celui d’un échec. Se raccrochant à ses deux fils, elle ne sait plus que les étouffer de ses angoisses maternelles exacerbées. A-t-elle fait fuir son aîné, Shanghe, parti tenter l’aventure américaine avec l’homme qu’il aimait ? Quelles que soient ses intentions, elle n’a su proposer que la fuite dans l’étourdissement des sens en réponse aux nombreuses questions que se pose Rat, son plus jeune fils.
Chang Tso-Chi nous plonge dans un paysage nocturne indéterminé, à la périphérie de Taipei, et que les personnages tentent en vain de faire leur. Les intérieurs sont colorés mais sombres, on y entre parfois par la fenêtre comme par la trappe d’une cage. Et lorsque ces animaux de nuit se risquent au-dehors, c’est pour contempler un horizon brumeux.
A.G.
